samedi 8 mai 2021

Les 55 jours d'un pékin


Contribution de Hong Kong Fou-Fou

 

Nom : Rosa

Prénom : Giorgio

Année de naissance : 1925

Année de décès : 2017

Nationalité : Italienne

Qualité : Italien

Profession : Ingénieur

Surnom : Gigi l'Amoroso (Bon ça je ne sais pas si c'est vrai mais comme il semblerait qu'il ait réalisé le projet dont on va parler plus loin par amour pour une femme, il le mériterait. De toute façon, il est Italien, alors...)

M. Rosa - purée, ce nom me rappelle mes cours de latin au lycée, et l'angoisse inhérente d'être interrogé sur les déclinaisons -, M. Rosa, donc, est un ingénieur italien (ça, vous le savez déjà, c'est écrit au-dessus). Sa spécialité, c'est la mécanique.  Mais s'il s'est mangé des tonnes d'équations différentielles et des valises d'intégrales triples durant ses longues années d'études, ce n'est pas pour faire fortune en inventant un moteur révolutionnaire pour Fiat ou en permettant à Ferrari de vaincre l'éternel rival Ford sur un circuit. Non, M. Rosa est un idéaliste. Un visionnaire. Un utopiste. Un rêveur. Un doux dingue (quand vous avez pigé, vous me dites, j'arrête ma litanie). Je vois ceux d'entre vous qui ont fait Sup de Co qui ricanent. Pas grave. Les moqueries lui glissent dessus, à Gigi. Il a une idée. Il se fait d'abord les dents en construisant de ses petites mains habiles divers trucs, notamment une voiture qui n'aurait pas détonné dans un épisode de la série U.F.O (deux "n" à "détonné" parce qu'avec un seul, elle aurait fait boum, ce qui somme toute aurait été une hypothèse plausible).

 

En 1967, le Géo Trouvetou transalpin se lance dans son grand projet : construire, en pleine mer, une île artificielle, en fait une plateforme mais qui servirait à autre chose qu'extraire du pétrole de la croûte terrestre. Après avoir inventé un procédé révolutionnaire de remplissage des tubes devant supporter la structure, il se met au boulot, avec quelques copains, un optimisme sans faille, une bonne humeur débordante et force bouteilles de chianti.

L'ouvrage est achevé en six mois. Le premier habitant de l'île en est Pietro Bernardini, qui fait naufrage sur l'île, et n'en repart pas. Le ton est donné. L'île, facilement accessible en bateau, devient un refuge pour une jeunesse estudiantine en manque de liberté. Premier mai 1968. En France, des gamins en col roulé cherchent la plage sous les pavés. En Italie, au large de Rimini, des gamins en short de bain rayé et bikini à pois dansent sur la mer, bronzent, picolent, jouent au poker. L'indépendance de l'île est déclarée. Elle devient un état, sous un nom qui pourrait sortir d'un album de Tintin : Esperantista Respubliko de la Insulo de la Rozoj. C'est de l'esperanto. Je peux même vous dire que "Vi havas belajn okulojn, vi scias", ça signifie "Tu as de beaux yeux, tu sais". Cet été, si vous draguez, ça sera peut-être sans espoir, mais pas sans esperanto.


Alors ceux d'entre vous qui n'ont pas encore abandonné la lecture de cet article sont en droit de se demander : pourquoi un Etat indépendant ? Parce que Giorgio Rosa, malin, a construit sa plateforme à 11,5 km des côtes, 500 m en dehors des eaux territoriales italiennes. Etat indépendant, certes, mais riquiqui : 400 m2, en gros un carré de 20 m de côté. Mais avec son gouvernement, sa constitution, sa monnaie, ses timbres. Pas d'équipe nationale de foot, par contre. Trop onéreux en ballons. Du water polo, éventuellement ?

L'histoire est belle mais, évidemment, elle se termine mal. Le gouvernement italien goûte moyennement la plaisanterie. Ce morceau de terre qui n'en est même pas un et qui échappe à son autorité, ce lieu de vices sur pilotis où l'on consomme des substances illicites et où l'on se livre à des jeux d'argent sans lui payer de taxes ne l'amuse pas du tout. Il semblerait que Washington ait aussi mis son grain de sel, encourageant les Italiens à réagir pour ne pas se retrouver avec un mini-Cuba au milieu de l'Adriatique. Toujours est-il que la Marine italienne envoie un navire de guerre et fait le blocus de l'île, qui est évacuée en juin 1968 et finalement détruite en 1969.

En décembre 2020, une autre plateforme, virtuelle celle-là puisqu'il s'agit de Netflix, a sorti un film inspiré de cette aventure, L'incredibile storia dell'Isola delle Rose. Dans le contexte actuel, où les restrictions nous oppressent et où on a une envie folle de courir tout nu au bord de la mer, sans masque (ni tuba), je ne peux que vous conseiller de regarder ce long métrage, qui constitue une grande bouffée d'air frais, une maxi dose de bonheur et de tendresse. Un vrai  feel good movie ou plutôt, pour rester dans le ton, un tiramisu film

Quelques petites choses pour conclure. D'abord, pourquoi le titre abscons de cet article ? Parce que la belle utopie de Giorgio, un citoyen lambda épris de liberté, n'aura duré que 55 jours...

Mais qui auront laissé leur empreinte : suite à cet "incident", l'O.N.U a décidé d'étendre les eaux territoriales de 6 milles marins à 11, pour décourager les récidives... 

Autre anecdote : la "conquête" de l'île de la Rose aura été la seule guerre d'agression de la République italienne.

Enfin, je me dois d'être honnête : en cherchant des informations sur l'île de la Rose, j'ai trouvé un article italien, dans lequel Giorgio Rosa n'est pas présenté comme le personnage si sympathique que j'aimerais qu'il soit. Il semblerait en effet que la raison N°1 qui l'a poussé à créer sa petite nation rien qu'à lui, c'était de pouvoir disposer de son propre paradis fiscal... Mmmouais, il n'y a vraiment rien à tirer de l'être humain, je rends l'antenne et je retourne caresser mon labrador... 


mardi 13 avril 2021

Bon tempo pour vos tympans - Avril 2021


Ladies and gentlemen, Skins and Teds, Rigolus et Tristus, marins d'eau douce et vieux briscards ! Plus exaltante qu'une chevauchée à cru sur les rives de l'Amou-Daria, plus euphorisante qu'un snif de poppers, plus savoureuse qu'un filet de black angus, plus réconfortante que la tisane de votre mémé, voici, for your listening pleasure, la sélection musicale du mois d'avril de Fury Magazine !
Alors, comme le monstre de Frankenstein et sa pétulante fiancée ci-contre, poussez les meubles et dansez à en perdre haleine !

Contribution de Wally Gator

 

Bad Lieutenant : Sink or swim

2007, New Order éclate, Bernard Sumner rend visite à Johnny Marr qui regarde le film "Bad Lieutenant" (je laisse le soin à Oddjob, notre Monsieur Cinéma à nous de vous en parler si le cœur lui en dit). Il n’en faut pas plus pour trouver le nom d’un groupe.

Ian Brown : FEAR

On ne présente plus le monsieur. Bien que celle-ci ne date pas d’hier, sachez qu’il Fait Encore d’Agréables Ritournelles. En français, c’est naze… Ou bien c’est moi qui l’est. A vous de voir.


Dan Croll : From nowhere

Qui s’inscrit pour la compet’ de regard fixe ? Allez, Moinet !!! Voilà un sport qui devrait te convenir ! Pas de violence, pas de transpiration, juste un regard froid et pénétrant pour défaire ton adversaire !


Smash Mouth : All star

Des Californiens. Avec tout ce que l’on peut en attendre, et ce que l’on n’en attend pas aussi d’ailleurs. Enfin… Un rayon de soleil décalé avec de bonnes références. Pour le look… Eh bien… Ce sont des Californiens…


Stakka Bo : Here we go

Si vous avez aimé Dee Lite et leur Groove et bien foncez écouter les Suédois Stakka Bo ! Couleurs acidulées, harmonie des survet’ acryliques, chapeau et dentition impeccable, sac à patates, chorégraphie de haut niveau, flûte électrique… Floor filler !


Contribution de Hong Kong Fou-Fou



Ed Cosens : On the run
Le bassiste en chômage du révérend McClure (non Moinet, Jon, pas Jimmy), son enfant de chœur en quelque sorte (il les fait, d'ailleurs. Les chœurs) vient de sortir un album solo et montre qu'il n'en est pas un. D'enfant de chœur. Oui, c'est confus, je vous l'accorde. En tout cas, tout le disque est une merveille, rien à jeter !
 

 
Supersonic Boy : Treasure island
J'imagine certains esprits chagrins se plaindre : "Et allez, il va nous coller son fils tous les mois..." Que celui qui ne profiterait pas du rayonnement international de Fury Magazine pour lancer sa progéniture me jette la première pierre... Aïe ! Ouille ! Z'êtes cons ou quoi ???
(Accent de Bab El Oued on) Bon ben je m'en fiche, cette chanson je la trouve belle, et en plus mon fils (je vous ai dit hein que Supersonic Boy c'était mon fils ?), il a risqué la pneumonie pour tourner la vidéo ! (Accent de Bab El Oued off)


The Chase : I just can't believe that we share the same name
Dans mon jeune temps, je me déhanchais sur des rythmes sautillants. Aujourd'hui que j'ai la souplesse d'un pied de parasol amidonné, je me la joue intello, lâchant d'un air blasé : "Maintenant je préfère des morceaux plus lents mais qui ont une réelle profondeur, une musique qui parle à mon âme plutôt qu'à mes pieds..." Mais secrètement je regrette mes folles années et mes pas chassés. Ce morceau du shérif groupe de Nottingham arrive juste 25 ans trop tard... 
Et sinon, pour le titre de la chanson, moi c'est exactement pareil avec Supersonic Boy : je n'arrive pas à croire que l'on porte le même nom (oui parce que c'est mon fils, saviez pas ?)


 
The Skinner Brothers : Low
La vie n'est qu'une accumulation de détails au premier abord insignifiants. Zachary Charles Skinner, avec sa façon  hyper cool de se frotter l'aile du nez, ne pouvait que devenir une rock star. Attendez, je reviens, un truc à vérifier. Pfff, rien à faire, moi ça ne le fait pas. Pourtant, lui en plus est coiffé comme Christophe et il arbore des casquettes dont même l'inspecteur Terrasson dans "Les Brigades du Tigre" ne voudrait pas. Allez comprendre. En tout cas, les Skinner Brothers, c'est le groupe du moment, des touche-à-tout géniaux et prolifiques que tout le monde adule. Et en plus ils ont le droit d'aller boire une pinte en terrasse... Pfff...
 

The Fratellis : Need a little love
Quelques raisons en vrac d'aimer les Fratellis : leur nom, qui vient des méchants dans les Goonies ; ce sont des Ecossais ; ils ont fait une reprise de T. Rex pour la B.O. du poilant film Hot Fuzz ; on leur doit ce titre que j'adooooore, "Chelsea dagger". Après quelques années de silence, ils reviennent avec un nouvel album, comme on dit chez Panini, et notamment ce titre, tellement vrai.
 

 

Contribution de Oddjob


Triptides : Moonlight reflection

Nouvelle ambiance californienne fin 60’s pour les Triptides qui viennent de rejoindre leur nouveau label américain après plusieurs albums sous pavillon français. C’est ensoleillé, délicieusement suranné mais jamais parodique !

La Femme : Foutre le bordel

Un nouvel album inégal, mais reconnaissons à ce titre de donner le ton des mois à venir !!


François de Roubaix : Les secrets de la Mer Rouge (B.O.)

Réédition bienvenue chez Transversales Disques de cette magnifique bande originale signée de Roubaix, pour une série télévisuelle relatant les aventures d’Henry de Monfreid.


Jobriath : Morning star ship

Il y a quelques jours j’ignorais jusqu’à l’existence de Jobriath. Mais grâce aux bons soins d’un ami sûr et de bon goût, je découvrais cette météorite glam. De son vrai Bruce Wayne Campbell, ce Batman texan (né un 14 décembre comme moi !), qui se considérait comme "la tapette authentique du rock’n’roll", aurait pu tout aussi bien jouer dans Macadam Cowboy ou être l’égérie de Visconti. Bon, pas très Fury tout ça ? Allons... Celui qui portait la décadence en étendard et était vénéré par Morrissey (qui a repris ce morceau) ne pouvait qu’avoir sa place dans nos colonnes !


 

 

Contribution de l'élève Moinet

   

Stones ou Beatles ? Blur ou Oasis ? Sarkozy ou Balladur ? Placid ou Muzo ?  Pfff, un peu de sérieux, une seule question qui tienne : Idles ou Viagra boys ?! Enfin !


Le but dans la vie ? Euh… Boire de la bière qui donne envie d’écouter de la musique qui donne envie de boire de la bière ? Et faire un peu de vélo aussi.


L’hymne des classes moyennes, des pavillons semi-detached et des crédits conso sur 4 ans sans frais.


 Le fils caché de Bez et Shaun Ryder. A vot’ santé jeune homme et joyeux lundi !


Pos- post-punk quand tu nous tiens. Et si finalement ? C’est pas que, mais…