mercredi 1 avril 2015

Un nouveau rabâchage sur George Best, laborieux, confus et abscons

Par l'élève Moinet
 


Première partie : Albères et George, enfin une légende chez les Catalans

"J’étais debout dans le jardin, regardant les montagnes à côté de la piscine où le soleil reflétait ses rayons.  George vint derrière moi,  passa  ses bras autour de moi et me dit : go for it". George, c’est George Best. Celle qui a ses bras autour d’elle, c’est Barbara, Barbara Best, la sœur de son frère. Les montagnes, ce sont les Albères, petites sœurs des Pyrénées que l’on voit du village de Laroque des Albères et le jardin, c’est celui de la maison que Barbara va acheter grâce à George. Albères et George, voilà le tableau. Faut dire que dans le domaine du "Go for it", George en connaissait un rayon. "J'ai toujours eu cette obsession. Etre plus fort que les autres. Partout et tout le temps. Sur le terrain, au bar, avec les filles, pour les fringues." Mode d’emploi infaillible pour partir en vrille. Une fois pour toutes. D’ailleurs, peut-on être et avoir été ? Bien sûr que non. C’est pas Chet Baker qui nous détrompera.

Avant d’être une légende, Best n’était pas une légende. 1968, année subversive.  George est déjà là, et pas qu'un peu. Comme un symbole, le Ballon d'or, c'est lui. "J'ai longtemps rêvé d'un but où après avoir dribblé le gardien, je me serais agenouillé pour marquer de la tête. Quand j'ai marqué contre Benfica, j'étais à deux doigts de le faire. Mais je me suis dégonflé. Le coach aurait eu une attaque." D'ailleurs, pour Matt Busby, la tactique est simple : "Passez la balle à Best" et il fera le rest(e). Le voilà premier de cordée d’une lignée de rock’n'roll football stars. De Robin Friday à Joey Barton en passant par Paul Gascoigne et Robbie Fowler, tous à l’assaut d’un mont disparu dont on ne revient pas toujours indemne. Au passage, en voilà une que Friday glissa à son entraineur un jour de reproches : "J’ai la moitié de ton âge et j’ai déjà vécu deux fois ta vie". Que répondre à ça ? Mais revenons à Best. Petit problème, non, gros problème, faute d'équipe nationale digne de ce nom - il est Irlandais du Nord - la France ne verra pas grand-chose. Combien de fois Thierry Rolland fut-il envoyé en Caravelle à Old Trafford par la première chaîne ? Combien de fois Best est-il apparu en noir & blanc après le symphonique écran du direct de l’ORTF ? Le minimum syndical. Qui peut se vanter d’avoir vu Best dans ses œuvres de ce côté du Channel ? Mystère et ballon de cuir. Inconscient collectif quand tu nous tiens, tiens. Faut dire que prendre sa (fausse) retraite à 26 ans, n’a pas arrangé les choses.  Le facteur, peut-être, lui qui trimbalait 10 000 lettres par semaines.     

"En 1969, j'ai arrêté les femmes et l'alcool. Ça a été les vingt minutes les plus longues de ma vie." La suite ressemblera à une longue agonie. Un aller simple vers la lose, avec pour tout viatique un foie artificiel. Sa profession de foi, elle, est bien réelle. "J'ai dépensé 90 % de mon argent en alcool et en femmes. Le reste, je l'ai gaspillé." Aussi imparable qu'un petit pont dans la surface de réparation. "Pendant un match, Georges a dribblé un type, il était proche de la ligne de touche. Il s'est arrêté, a tourné la tête pour vomir et a repris la balle." Comme dit So Foot dans son... best of : "la terre entière est prête à lui payer un verre et Best ne dit jamais non". "J'avais une maison au bord de la mer. Mais pour aller à la plage, il fallait passer devant un bar. Je n'ai jamais vu la mer."  Sexe, alcool and foot, bien avant sex, drugs and rock'n'roll. Faut dire que le pauvre Ian Dury n’avait pas le choix.         
                                                                                                                                
Et puis George qui arrive saoul sur un plateau télé, et puis George qui passe Noël en prison, condamné pour conduite et reconduite en état d’ivresse. Il n’est plus que l’ombre de lui-même, comme on dit dans ces cas-là. Une histoire presque drôle circule, elle aussi : "George, c’est ton médecin. J’ai une bonne et une mauvaise nouvelle. La mauvaise c’est qu’il ne te reste qu’une heure à vivre, la bonne c’est que c’est la happy hour"   

Nous revoilà en 2003, dans la maison au bord de la montagne. George y vient de temps en temps faire un break salutaire. Pour Barbara qui veille encore et encore sur ses mauvais penchants, ça n’a pas de prix. Sauf le premier - de break, pas de prix - qui n’en était pas vraiment un, George débarquant avec une équipe télé pour plusieurs jours. "But we survived !" se souvient la sister.  
                                                                                                                                                                  
"George, qu’est-ce que tu fais aujourd’hui ? Oh je dois juste aller au comptoir" était sa réponse convenue. Ah, la routine, c’est bien connu, ça vous tue un homme. Sauf ce soir-là, où il attendait tranquillement sa belle-famille dans un coin du jardin. Un peu transi tout de même. Problème, il avait deux heures de retard et redoutant le pire, tout le monde était parti, comme pour Susan, désespérément à sa recherche. Après  un seul et unique verre envoyé au bar du village, il s’était perdu avant de retrouver son chemin. De là à penser que l’arrière-pays catalan avec ses chiens de garde et ses Rocatins (et Rocatines) suspicieux est plus sournois qu’un terrain de foot anglais, il n’y a qu’un passement de jambes. Mais la présence du beau-frère, militaire à Belfast dans le civil, et qui distribue(rait) dans le village des cartes de visites… d’agent secret, est moins discrète. Même si Best rêvait d’être le James Bond du foot, la cohabitation avec le beauf galonné n’est pas gagnée. Et puis George a ses peines de cœur à gérer bien loin d’ici. Ses visites s’espaceront comme les sorties d’Oddjob et d’HKFF ® de leurs luxueuses demeures. Pas pour les mêmes raisons, non, non, non.

George Best posera sa dernière bouteille un soir de novembre 2005 à Londres. 150 000 personnes accompagneront sous la pluie le numéro 7 pour un dernier farewell dans les rues de Belfast.  Bien que sa famille ait fait don d’organe, aucun ne fut  suitable comme on dit en anglais. Et Barbara d’ajouter, "Même ses beaux yeux, his beautiful blue eyes could not be used". Délavés à jamais dans l’alcool quotidien.

Quelque temps après, je suis au bar de la Marée à lire l'Indépendant, le journal du pays catalan. Pourquoi pas les pages locales tant qu'on y est… "George Best, la légende du club de foot de Manchester United, récemment décédé, passait ses vacances à Laroque. Pourtant, lundi soir, cette même villa, chère au cœur de la star irlandaise, a été partiellement détruite par un incendie." On parle d'un attentat ?! Et puis la suite : "George aimait beaucoup cet endroit ; il venait s'y reposer et s'y détendre, notamment lorsqu'il traversait des moments difficiles..." !!! George Best était par ici ? Je l'ai peut-être croisé sans même le savoir ?... Moi ?... Il y a des jours comme ça où l'on se sent hors-jeu. Patron ?... Oh puis non, faut que je trouve le début de l’histoire.  Celle  du début de la fin, histoire de ne pas mourir idiot. Si j’y arrive, ce sera 30 cm plus haut. 

Our George : A family memoir of George Best  / Barbara Best

The Italian Job ? Brighton Rocks ? The Criminals ? Department S ? The Red Devil !
De quoi faire pâlir Emma Peel


Dorénavant, je ne m'habillerai plus qu'en George Best
Une MGB pour GB
Sans commentaires


Aucun commentaire:

Enregistrer un commentaire