jeudi 2 mars 2017

F2 Ferrovipathie

Par Hong Kong Fou Fou



La perspective d'une suite à Trainspotting, c'est un peu comme l'annonce d'une renaissance de Fury Magazine : un fol espoir, une indicible joie anticipative, mais en même temps une appréhension certaine. Est-ce que ça va toujours être bien ? Est-ce que ça ne va pas virer ringard ? Est-ce que ça ne va pas tomber dans la facilité et la caricature ?
Faisant fi de ce que les critiques pouvaient bien en raconter, l'élève Moinet, Oddjob et votre serviteur, ticket à tarif réduit en main, nous étions au rendez-vous le jour de sa sortie. Première déception : la salle était aux deux tiers vide. Où étaient les gens ?
1h57 plus tard, nous nous retrouvions sur le trottoir pour une petite séance de débriefing. L'élève Moinet n'a pas été emballé. Il a baillé. Il a regardé sa montre. Il aurait sans doute préféré rester sur son canapé devant OM-Monaco (3-4, quand même). Oddjob et moi-même, par contre, avions le même sourire béat qu'un gamin qui s'aperçoit que sa voisine fait du bronzage intégral sur sa terrasse. A la question "La suite des (més)aventures de ces junkies écossais vaut-elle le déplacement ?", la réponse est à 66% : "Oui, indubitablement". Pour ma part, j'ai même envie de crier : "Bis, Scots !" Mais mon amour du jeu de mots douteux y est sans doute pour quelque chose.
Donc, bonne nouvelle, le retour des quatre non pas de Liverpool mais d'Edimbourg est plus réussi que celui des Bronzés il y a quelques années. La comparaison est hasardeuse, certes. Remarquez, il y a du Jean-Claude Dusse dans le personnage de Begbie. Mais un Jean-Claude Dusse à qui on aurait inoculé un peu de l'agressivité d'un pitbull. Ou d'un Wally Gator, tiens.
Je ne vais pas vous raconter l'histoire en détails pour ne pas gâcher (désolé de faire de la résistance mais je suis allergique au terme "spoiler") le plaisir des onze personnes qui liront cet article. En gros, Begbie est toujours à l'hôtel des gros verrous, Spud accro à l'héroïne, Sick Boy fait chanter des notables en utilisant les charmes de Veronika, une prostituée débarquée d'un quelconque pays de l'Est. Elle est Bulgare, je crois. Oui c'est ça évidemment, Bulgare de l'Est. Tout ce beau monde pourrait tranquillement continuer à perdre sa vie si ne débarquait un jour des Pays-Bas le dernier de la bande, Renton. Lassé de voir des marins qui meurent plein de bière et de drames aux premières lueurs dans le port d'Amsterdam, il s'est dit "Tiens, je vais aller voir si l'herbe est plus verte, ou plutôt l'eau plus bleue, dans le port de Leith". Forcément, suite aux événements racontés dans "Trainspotting", son retour 20 ans après crée certains remous. Et pas que dans le port.
Je ne vous cache pas que je suis bon public : on me met un morceau des Clash dans la b.o., des survêts Adidas vintage, quelques images d'archives de Georges Best, on me montre des types rougeauds qui vident des pintes, et je suis heureux. Mais honnêtement, le film est bien. En tout cas, aussi bien que peut l'être la suite d'un film culte qui a marqué une génération. Moins déroutant et percutant que le "vrai", bien sûr, moins glauque, aussi. Danny Boyle n'essaie pas de se répéter, il montre d'une façon crédible ce qu'auraient pu devenir les personnages du premier film. En sortant de la salle, on a l'impression d'avoir retrouvé des copains perdus de vue depuis longtemps. Même si des copains comme ceux-là, je n'en voudrais pas, les miens sont suffisamment gratinés, merci. De toutes façons, les histoires d'amitié, ça marche toujours sur moi. A la fin de "Trainspotting", Renton a trahi ses amis (un peu comme l'élève Moinet quand il est parti écrire des chroniques pour BD Gest'). Dans cette suite il essaie de se racheter (un peu comme Moinet qui... Ah ben non, lui ne l'a pas encore fait). Comme je suis rentré chez moi à pied (il faudrait que j'arrête de lire Sylvain Tesson), j'ai eu tout le loisir de penser à ma propre existence, mon évolution, celle de mes amis, depuis 1996. Une petite introspection tout à fait salutaire.
La mauvaise nouvelle, quand même, c'est que la bande originale est un peu décevante. En deçà de l'"autre" en tout cas, qui convoquait la fine fleur de la Brit pop des années 90.
L'autre mauvaise nouvelle, mais le film n'y est pas pour grand chose, c'est qu'en VO, on ne comprend rien. Et ça m'inquiète un peu parce que je vais en Ecosse aux prochaines vacances. Non mais c'est quoi cet accent ? On croirait entendre des touristes berrichons en vacances en Angleterre. Pour sortir encore plus du sujet de cet article mais tant pis, je suis tellement content : je vais y voir Lloyd Cole en concert, qui va jouer tous ses vieux trucs, "Rattlesnakes" en tête. La nostalgie, encore.

Nous terminons avec un petit jeu. 20 ans séparent les deux photos ci-dessous, qui montrent les principaux protagonistes du film. Mais les petits coquins se sont déplacés. A l'aide d'un feutre, effaçable de préférence, amusez-vous à relier les personnages d'hier à ceux d'aujourd'hui.


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