Par l'Homme Mystérieux
Ces
jours-ci un drôle de phénomène secoue le petit milieu rock de la ville
rose, le nom d’un jeune groupe est sur toutes les lèvres … Asphalt.
Et vraisemblablement c’est parce qu'on y croit, qu'on y adhère et qu’on se retrouve dans ce quatuor post-punk qui rallie de plus en plus de "croyants" à chaque fois qu’il se produit en live.
Et vraisemblablement c’est parce qu'on y croit, qu'on y adhère et qu’on se retrouve dans ce quatuor post-punk qui rallie de plus en plus de "croyants" à chaque fois qu’il se produit en live.
Mais
commençons par présenter les architectes de cet engouement inattendu :
le groupe est formé de Roro à la guitare et au chant (qui est sans doute
la plus enthousiasmante des guitaristes gauchères du moment !), de
Tibo, guitare et chant, dont émane un charme ténébreux, Amaury à la
basse toute en retenue (menaçante). Derrière cette ligne d’attaque la
défense est assurée par Rémi Rami-Rez, jeune dandy toulousain connu dans les
plus infâmes bouges de la rive gauche de la Garonne, succédant lui-même
à Peter, mort au combat, qui avait en son temps pris la succession de
Guillaume, premier batteur à officier dans le groupe voilà maintenant
deux ans.
La maîtrise de leurs
instruments acquise en militant dans diverses formations (power-pop,
garage, punk) leur a permis de rapidement enregistrer un premier EP : "Abstinence, Chômage et Dépression", tout un programme politique et
social pour les laissés-pour-compte de la génération Y. Cet EP sorti en
2013 donne le ton : punk rock lorgnant du côté de 77, des titres punchy
et mélodieux comme "Parano song" ou "Enterre-toi vivant" qui trouveraient
légitimement leur place sur une réédition des 30 plus Grands Succès du
Punk (Skydog) améliorant par la même occasion un disque déjà parfait !
Mais attention il ne s'agit pas là d'un revivalisme stérile ou d'une de
ces contrefaçons hélas si fréquentes de nos jours par lesquelles des
groupes tentent de recréer un son, un look, une image, tentatives
résultant trop souvent en un triste Xerox calqué sur des gloires
passées. Non, ici c’est tout autre chose ; on peut aisément imaginer les
membres d’Asphalt préparant leur coup autour d’une pile de disques
sortis sur Chiswick, Melodíes Massacre, Small Wonder et j’en passe. Il
est certain que les influences comptent pour eux ; à leur contact on
constate une connaissance quasi-encyclopédique du punk et ses dérivés.
Si les quadras que nous sommes ont grandi avec le trafic de K7 (le
lycée aura au moins servi à ça), les "moins vieux" utilisent désormais
tous les moyens à leur disposition pour développer leur culture. Pour
une fois l'internet n'est pas que source d'idiotie et du dénominateur
commun le plus basique. Mais ne nous méprenons pas, nous ne somme pas
face à une bande d’antiquaires ou d'archéologues du punk rock, non, la
trame de '79 convient parfaitement pour exprimer la réalité de ceux qui
ont vingt ans en 2015, et il est certain qu’en pleine crise du
capitalisme, en ces temps de recul de la liberté d’opinion, face à
une société qui pousse une partie croissante de ses citoyens vers
l'aliénation, ils ne manquent pas de matière première. Le terrain
naturel pour un groupe nommé Asphalt est la rue et c'est bien là qu'on
peut trouver la fière équipe quand ils ne sont pas sur la route, en
répèt' ou sur scène car c'est un groupe qui vit ce qu'il décrit (et
vice-versa). Leur devise est d'ailleurs "On zone. Point barre". A
chacune de leurs prestations scéniques, un nombre croissant de
convertis vient grossir les rangs de l'Asphalt Army : punks, skinheads
intelligents et ouverts (non, ce n'est pas une blague !), garageux et
kids fleurant le dernier bon coup, ils sont tous là. Ayant observé bon
nombre de groupes à la manoeuvre, je peux affirmer que ce n'est pas à la
portée des premiers venus que de parvenir à créer la communion parfaite
avec le public. Asphalt est clairement de ceux qui y parviennent !
L'été
2013 ils ont enregistré deux titres au studio Swampland de Lo Spider,
le Phil Spector toulousain. Sorties en septembre 2014 sur Juvenile
Delinquent Records, éclectique label nantais réputé pour son bon goût,
ces deux titres explorent là un son plus sombre et post-punk, la
référence pointe plus du côté de la cuvée '79, réaffirmant ainsi leur
talent et leur capacité à écrire et à composer d'authentiques tubes,
dont le titre "Do you understand (me)?" destiné à devenir un classique
du genre ; vous feriez d'ailleurs bien de vous procurer le 45t avant
qu'il ne soit épuisé, car à moins d'être sot, fou ou actuellement en
prison (voire les trois à la fois), rien ne justifierait d'ignorer un
tel chef d'oeuvre.
L'année 2015 voit les
Asphalt multiplier leur prestations scéniques : première partie de LSD à
Toulouse, dates en Allemagne et en Espagne en discussion et projet
d'enregistrement d'un premier album pour cet été ; c'est une étape
cruciale pour le groupe afin de confirmer le succès des deux premiers
singles et dissiper si besoin était un quelconque doute qui attribuerait
leurs compositions solides et efficaces à un alignement favorable des
astres ou à un pacte temporaire avec le Malin. Cet album en devenir
viendra étoffer leur set list qui pour l'instant, seule critique que
l'on puisse faire à leur égard, est un peu courte et nous laisse sur
notre faim, n'en réclamant que plus !
La ville de Toulouse peut désormais dormir tranquille (après que les
derniers ivrognes soient tombés tels le Général Custer) dans la douce
satisfaction de savoir compter sur un groupe comme Asphalt. Mais ne tardez pas, Asphalt c'est à déguster sans
modération, et leur moment c'est maintenant.
Retrouvez l'actualité d'Asphalt, les dates de concert et leurs 45t en écoute libre sur leur Bandcamp : http://asphalttoulouse.bandcamp.com/
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