Par l'élève Moinet
Une grande enquête persuasive sur nos héros préférés qui
permettra à Fury Magazine de rencontrer enfin le public qu’il mérite.
Les personnages et les situations de ce récit n’étant pas purement fictifs, toute ressemblance avec des personnes ayant existé ne saurait être purement fortuite.
Les personnages et les situations de ce récit n’étant pas purement fictifs, toute ressemblance avec des personnes ayant existé ne saurait être purement fortuite.
Coincée entre 1977 et 1979, 1978 ne semble pas être une
année à forte portée historique. Et pourtant.
1978 : Personne ne sait qui est Ian Curtis. Sauf les Anglais, il est anglais. Comme il est dit sur Wikipédia, Ian peaufine ses textes,
travaille ses chansons. Ses chansons sont pour son groupe. Son groupe, c’est
Joy Division.
1978 : Quelques personnes savent qui est Yves Chaland.
Sauf les Anglais, il est Français. Comme il n’est pas dit sur Wikipédia, Yves
peaufine ses histoires. Ses histoires sont
pour son journal. Son journal, c’est Métal Hurlant.
Un Anglais, un Français, non, circulez, ça n’a rien à voir.
Un chanteur et un dessinateur, non plus. Dommage.
A moins que… Un chanteur penché sur son micro et un
dessinateur penché sur sa table à dessin ? Tiens… Une œuvre courte ?
Une œuvre courte. Une histoire fulgurante ? Une histoire fulgurante !
Un air de famille ? Un air de famille !! Oui, c’est comme faire un
puzzle avec deux boîtes différentes : Factory records et Tony Wilson pour
l’un, Métal Hurlant et Jean-Pierre Dionnet pour l’autre. Voilà. D’ailleurs,
écoutons ce dernier dans l’amer docu de la page 19 du Chaland, portrait d’artiste : "Chaland était la seule
vraie "rock star" du canard. Il avait une manière de s’habiller très
personnelle (…) Il était dandy comme peut l’être une rock star. Sauf que son
dandysme consistait à faire semblant de s’habiller n’importe comment… en ne
s’habillant pas n’importe comment." Voilà un manuel de savoir vivre à
l’intention de tout post-punk qui se respecte. C’est qu’avec leur look
d’étudiant en droit attardé, l’affaire n’était pas gagnée à la fin des 70’s, surtout
pour le Mancunien appelé à prendre la relève des Clash et autres Sex Pistols.
Retournez votre Captivant à défaut de votre veste. La preuve est là, en noir
& blanc, à l’imper près et à l’imparfait. Punks propres ! Le mot
compte double est lâché. Voilà ce qu’ils étaient. Comme Jacno, Philippe
Pascal et Antoine Doinel. Pères de famille précoces, mais pas avares en
provoc : Chaland dans Captivant et dans n’importe quelle interview -
années Giscard / Post baba cool obligent - Ian Curtis qui vote conservateur et
joue dans un groupe au nom ambigu, trois lads bien loin de ses préoccupations
existentielles (désolé pour cette phrase un peu longue). Il me revient le
souvenir de l’ancienne gare de la Bastille, en lieu et place de l’opéra du même
nom, pour la convention de la BD.
Chaland dédicaçant son Bob Fish, seul à une table ronde entouré de ses fidèles,
à l’écart du stand Humano en pleine
Margerinmania.
Certes, faire rire son prochain n’est pas la principale
préoccupation de l’introverti chanteur et leurs idoles pas les mêmes. Quoique.
Si Chaland rencontre la sienne, Will Eisner, à Paris, Curtis essaie d’en faire
de même avec William Burroughs à Bruxelles. Mais le beatnik d’écrivain est plus
taciturne que son compatriote dessinateur et l’ambiance plus rock'n’roll.
Bruxelles, ville d’adoption pour les deux, qui ne se sont jamais croisés au
détour de la Grand-Place, le célèbre concert de Joy Division au Plan K ayant eu
lieu trois mois avant le premier voyage de Chaland dans la capitale de la BD.
D’ailleurs avaient-ils seulement entendu parler l’un de l’autre ? Pas sûr
du tout. Mais pas sûr pas du tout : Chaland, c’est bien connu, rencontre
Serge Clerc au Bataclan, au concert des Stranglers, groupe punk s’il en était.
Les Stranglers dont Joy Division assurait la première partie pendant leur
tournée anglaise…
Il est temps d’essayer de nous résumer afin de réveiller ceux qui se seraient endormis. Eh bien voilà : Chaland était plutôt Chaland et Curtis plutôt Curtis. Mais si vous êtes encore là, c’est que nous partageons cet indicible sentiment d’admiration et de frustration entremêlées qu’ils nous procurent. L’un et l’autre. A chaque fois. Je crois qu’il faudrait inventer un nouveau mot pour l’occas’, garanti 20 ans, kilométrage illimité. Néologistes, merci ! Quant à ceux dont le rock n’est pas la tasse de thé anglais, sachez que quelque temps après cette histoire très, très masculine, vous avez tous dansé sur Blue Monday de New Order (le groupe d’après) le soir de votre mariage. Pour les célibataires ou ceux qui étaient trop saouls pour s’en souvenir, désolé pour les quatre minutes perdues. Au moins pourrez-vous répondre à la question Minitel du jour et tenter de gagner une luxueuse Nissan Qashqai (très peu roulée) offerte par la direction, à savoir si tout compte fait Chaland ne serait pas à lire en écoutant Ian Curtis ? Musique d’un film fixe d’une autre époque ? Heu… Je me lance : bien sûr que non ! Mais l’un après l’autre, oui. Passer un jour sans regarder l’un ou écouter l’autre ? Pourquoi pas un jour sans curling à Pyonchang tant qu’on y est !
Rien de tel qu’une bonne citation de je ne sais pas qui pour finir un article bien laborieux : si la richesse d’une vie fait de vous un homme respecté et admiré, seule la mort a le pouvoir de bâtir une légende. Ah oui, quand même !
Il est temps d’essayer de nous résumer afin de réveiller ceux qui se seraient endormis. Eh bien voilà : Chaland était plutôt Chaland et Curtis plutôt Curtis. Mais si vous êtes encore là, c’est que nous partageons cet indicible sentiment d’admiration et de frustration entremêlées qu’ils nous procurent. L’un et l’autre. A chaque fois. Je crois qu’il faudrait inventer un nouveau mot pour l’occas’, garanti 20 ans, kilométrage illimité. Néologistes, merci ! Quant à ceux dont le rock n’est pas la tasse de thé anglais, sachez que quelque temps après cette histoire très, très masculine, vous avez tous dansé sur Blue Monday de New Order (le groupe d’après) le soir de votre mariage. Pour les célibataires ou ceux qui étaient trop saouls pour s’en souvenir, désolé pour les quatre minutes perdues. Au moins pourrez-vous répondre à la question Minitel du jour et tenter de gagner une luxueuse Nissan Qashqai (très peu roulée) offerte par la direction, à savoir si tout compte fait Chaland ne serait pas à lire en écoutant Ian Curtis ? Musique d’un film fixe d’une autre époque ? Heu… Je me lance : bien sûr que non ! Mais l’un après l’autre, oui. Passer un jour sans regarder l’un ou écouter l’autre ? Pourquoi pas un jour sans curling à Pyonchang tant qu’on y est !
Rien de tel qu’une bonne citation de je ne sais pas qui pour finir un article bien laborieux : si la richesse d’une vie fait de vous un homme respecté et admiré, seule la mort a le pouvoir de bâtir une légende. Ah oui, quand même !
Nous allons donc passer à la finalité de cette histoire en
guise de conclusion, puisqu’il y en a une (de finalité) : "Même si
j'ai payé 190.000 livres sterling - presque deux fois le prix demandé - j'ai
pensé qu'il fallait que je m'investisse, surtout après avoir entendu parler de
la situation désespérée de plusieurs fans qui ont échoué à réunir les fonds
nécessaires pour acheter cette maison qui fut l'un des biens et l'endroit où
vécut l'un des héros de ma jeunesse". Celui qui parle s’appelle Hadar Goldman
(quel nom génial !) et c’est au Guardian qu’il le fait, avant de rajouter
un peu plus loin qu'il développerait le projet de musée aux côtés
du club de fans. "L'héritage de Joy Division mérite d'être pris en compte au
XXIème siècle, afin de faire connaître au grand public l'un des groupes
précurseurs de l'histoire de la musique contemporaine. Nous développerons ce
projet en ayant recours au cœur et à l'âme." Toute idée est d'ailleurs la
bienvenue. Avis aux intéressés.
Chers amis…
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